A l’occasion de l’arrivée récente au C3D de Christian Béaur, Directeur Maîtrise d’Ouvrage et Développement Durable chez CBRE, nous lui avons posé 5 questions.
- Pourriez-vous décrire votre parcours en quelques mots ?
J’ai commencé mon parcours professionnel dans l’aérien, dans le bureau d’ingénierie des installations de SERVAIR, filiale d’avitaillement d’Air France, dont j’ai pris la direction au milieu des années 80, ce qui m’a conduit à intervenir en tant que maître d’œuvre et maître d’ouvrage sur la construction et l’équipement des bâtiments du Groupe ainsi que sur des missions d’ingénierie de bâtiments aéroportuaires à l’export. Puis, j’ai bifurqué dans la distribution en tant que maître d’ouvrage-directeur du patrimoine d’un Groupe de grands magasins pourétablir et conduire un vaste schéma directeur de modernisation des installations et surfaces de vente, tout en gérant d’importantes équipes techniques d’exploitation. J’ai ensuite travaillé dans les services énergétiques dans la holding d’EDF regroupant toutes ses participations dans ce domaine. J’ai rejoint CBRE fin 2008 où j’ai créé la fonction et la direction du développement durable. Au départ, j’étais seul. Aujourd’hui, nous sommes quatre ingénieurs dans l’équipeet intervenons transversalement à toutes les entités de CBRE France et régulièrement en liaison avec nos équipes « sustainability » dans la zone EMEA (Europe Middle East Africa).
- Pourriez-vous citer 3 enjeux RSE au sein de CBRE ?
CBRE est le premier Groupe de conseil en immobilier d’entreprise dans le monde avec 70 000 salariés présents dans plus de 60 pays. CBRE France est une entreprise de taille moyenne avec 800 salariés, bientôt 1000 du fait d’une acquisition par le Groupe d’une grande entreprise spécialisée dans le Facility Management de contrats cadre internationaux.
Depuis de nombreuses années Le Groupe a une politique volontariste de développement durable basé sur 16 grands objectifs RSE déclinés à travers le monde : http://www.cbre.fr/fr_fr/imgs_styles/pdf/150929-PolitiqueAchatResponsable.pdf
En France nous sommes extrêmement actifs sur ce sujet et avons publié à l’occasion de la COP 21 une brochure destinée à nos clients et prospects, intitulée « Tous responsables » qui décrit le présent et anticipe le futur de la RSE dans l’immobilier des entreprises : ⦋TOUS RESPONSABLES – Responsabilité Sociétale de l’Immobilier d’Entreprise]. ⦋RSIE⦌.
Il est d’autant plus important pour nous d’être leader d’opinion dans le domaine de la RSIE que nous couvrons directement, ou indirectement en tant que prescripteur, l’ensemble des métiers de la chaîne de valeur immobilière et que nos actions d’influence et d’intervention sont multiples depuis la transaction jusqu’au Property/Facility Management en passant par l’AMO Construction ou l’Expertise en valeur.
Proposer des produits et services durables à nos clients est aujourd’hui essentiel, notamment pour un meilleur usage, plus efficient, des bâtiments et des sites. C’est un fort enjeu RSE pour la profession. L’on ne peut plus se contenter de livrer des bâtiments intrinsèquement performants. Les nouvelles contraintes qui pèsent et pèseront de plus en plus sur les parcs immobiliers des entreprises, seront d’assurer une utilisation raisonnée et performante (ce n’est pas antinomique), en engageant de vrais efforts sur la responsabilité sociétale. C’est déjà une réalité à travers l’obligation d’annexe environnementaleau bail, dispositif selon lequel le propriétaire, le locataire, et implicitement l’exploitant technique, doivent s’entendre annuellement sur un plan d’action pour diminuer les consommations d’énergie, d’eau et leur production de déchets.
Dans le même esprit d’une nécessaire coordination forte entre les parties prenantes, le projet de décret issu de l’article 3 de la Loi Grenelle 2, pour l’obligation de réaliser d’ici 2020 des travaux de rénovation énergétique des bâtiments tertiaires de plus de 2000 m2 est un autre enjeu RSE essentiel, en ce sens qu’il oblige ces acteurs à convenir d’un plan d’action conjoint (actions sur les usages, l’exploitation technique ou par l’investissement) pour aboutir à une réduction effective de 25% des consommations énergétiques réelles globales des bâtiments.
Après plusieurs années d’hésitation, le gouvernement semble aujourd’hui décidé à publier avant l’été ce décret dont l’animation du groupe de travail de l’ensemble des professions de l’immobilier et de la construction avait été confiée à CBRE par le Plan Bâtiment Durable. Si cela aboutit, ce sera un autre signal fort vers la responsabilité conjointe des parties prenantes à l’immobilier d’entreprise.
Troisième enjeu fort pour CBRE, nous voulons continuer à nous engager dans le débat public, pour être force de proposition et contributeur, à l’image de ce que nous avions également fait lors de l’autre « chantier » du Plan Bâtiment Durable, intitulé BIM (Building Information Modeling) et Gestion du patrimoine [voir site du groupe de travail], car nous sommes conscients que la révolution numérique contribuera à optimiser la conception et la gestion des espaces de travail en permettant une connaissance instantanée et depuis tout lieu des conditions réelles de performance de ces espaces (qualité de l’air, confort, santé, …).
C’est aussi par nos propositions et par nos contributions à ces chantiers collectifs que nous démontrons et construisons ce que nous appelons la RSIE, Responsabilité Sociétale de l’Immobilier d’Entreprise.
- Vous venez de rejoindre le C3D. Comment avez-vous connu l’association?
J’ai connu le C3D dans des rencontres publiques, à travers mes discussions avec d’autres associations actives pour l’environnement et le développement durable telles qu’EPE, la RICS, Agrion, le Club Construction Durable de Bouygues Construction,et bien sûr le Plan Bâtiment Durable, ou bien dans d’autres manifestations professionnelles. Le C3D m’avait invité pour une présentation et c’est en découvrant ce que faisait ce réseau que j’ai voulu y adhérer au nom de CBRE.
- Via une intelligence collective, le C3D permet aux Directeurs du Développement Durable d’échanger de bonnes pratiques et de co-construire de nouvelles solutions. Comment faisiez-vous jusque là pour accélérer votre transformation responsable ?
Etre au C3D, c’est l’occasion d’écouter des membres qui ne sont pas de notre secteur professionnel mais qui peuvent avoir des préoccupations proches des nôtres. C’est aussi l’opportunité d’échanger des informations, de se recommander entre nous des prestataires efficaces. Et cette appartenance à une communauté professionnelle rassemblée autour du développement durable et de la RSE permet d’élargir son réseau et de mieux appréhender certaines questions sociétales complexes.
Le rôle et les attentes vis-à-vis d’un responsable du développement durable sont de plusieurs ordres : donner du sens, de la compréhensiondu monde à venir, des évolutions sociétales, être dans l’anticipation des tendances à venir. Une organisation comme le C3D contribue à nourrir ce regard prospectif.
- Que venez-vous chercher au sein du C3D ?
En fait, nous faisions déjà partie de différentes associations et organisations des métiers de l’immobilier comme l’ADI (Association des Directeurs Immobiliers) ou bien l’IFPEB (Institut Français de la Performance du Bâtiment) mais en tant que directeur en charge du développement durable dans mon secteur d’activité, je souhaitais pouvoir m’appuyer sur un mouvement susceptible d’avoir une approche encore plus transversale des sujets, pour croiser nos expériences sur des problématiques aussi différentes que l’efficacité énergétique, les nouveaux modèles économiques durables ou bien le dialogue avec les parties prenantes. Ayant pu participer à plusieurs événements et groupes de travail du C3D, j’ai pu constater cette pluralité d’approches multisectorielles et cette variété des thématiques traitées. Enfin, en rejoignant le C3D, je souhaite aussi pouvoir échanger avec mes homologues et leur faire partager ce que nous faisons chez CBRE en matière de RSE.